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Le Musée en Herbe voué à disparaître ?

La décision brutale de la mairie de Paris supprimant une partie des subventions annuelles octroyées au Musée en Herbe pourrait entraîner la fermeture définitive du musée et la mise au chômage de son personnel.

Pionnier des musées dédiés aux enfants, le Musée en Herbe vit peut-être ses derniers instants. Créé en 1975 et géré par une association Loi 1901, ce lieu, conçu pour un jeune public, propose un apprentissage ludique autour de la culture et de l’art.

Subventionné ponctuellement par la région Ile-de-France et par l’Etat, la dotation versée par la Ville de Paris représente près de 30% du budget de fonctionnement du musée. Et lorsque la ville, par un simple courrier, décide en mai de supprimer 150.000€ de subvention sur un total de 317.000€, c’est le choc.
Courant 2007, l’Hôtel de Ville demande au musée de quitter son emplacement historique du Jardin d’Acclimatation (XVIe) au prétexte qu’il ne recevrait pas assez de jeunes parisiens et trop de jeunes franciliens. Sans aucune aide de la ville et grâce au soutien de sponsors, le musée obtempère et s’installe le 1er avril 2008 au 21 rue Hérold.

Exposition Andy Warhol, au Musée en Herbe. 2009. Crédits Nicolas Jean-Mary/2009.
Exposition Andy Warhol, au Musée en Herbe. 2009. Crédits Nicolas Jean-Mary/2009.

Dans un audit commandé la même année, la mairie exige « plus de clarté administrative dans le fonctionnement ». L’activité du Musée en Herbe est perçue comme « trop récréative » et son concept « dépassé ». L’association est aussi accusée de « ne pas avoir su s’adapter à un nouvel environnement », toujours selon la direction des Affaires Culturelles.

La direction du musée réagit en répondant point par point aux directives de l’audit, mais refuse de pratiquer une politique de ségrégation géographique. Finalement, courant mai, un recommandé discret de la mairie annonce la suppression définitive de versement, même si elle reconnait le respect scrupuleux des ordonnances de l’audit. « On nous coupe littéralement l’herbe sous le pied » ironise Emmanuelle Chrétien, la chargée de communication. « Cette décision de la Mairie va à l’encontre de la circulaire 2008-59 du 29 avril 2008 de l’Etat, lui-même déterminé à faire de l’éducation artistique et culturelle une priorité pour tous les enfants, sans discrimination quelconque. »

Malgré l’apport de capitaux de ses principaux partenaires (La Poste, Yoplait et le Centre National Interprofessionnel de l’Industrie laitière), le musée ne peut toujours pas boucler son budget et la direction prévoit une fermeture définitive. « Je passe mon temps au téléphone à échelonner nos dettes, prolonger les délais de paiement et parer aux dépenses les plus pressées », soupire la comptable du musée.

La disparition du musée provoquerait le chômage technique d’une douzaine d’employés, dont plusieurs mères de famille embauchées depuis la création des lieux. Une pétition publique est actuellement en ligne sur le site éponyme de l’association, et d’après la directrice Sylvie Girardet, elle aurait recueillie 1500 signatures.
En attendant la reprise des discussions avec l’Hôtel de Ville, l’exposition La Vache de Mr Warhol dont « vous êtes le héros », vous entraîne à la découverte de la vie d’une vache laitière peinte par Andy Warhol. A l’affiche jusqu’au 31 décembre, si le Musée n’est pas obligé de fermer avant.

Jean-Mary NICOLAS

Article original :

L’homme qui dansait avec les chevaux…au « Lever de Soleil »

1-8-2009.Spectacle de Bartabas,Terrain d’Education Physique des Jardins de Saint-Paul crédits Nicolas jean-Mary 2009.

Aurore naissante, musique soufie en décor de fond… Dans le cadre du festival Paris Quartier d’Eté, le célèbre dresseur Bartabas et son cheval Le Caravage propose un véritable récital de danse équestre. Un moment de communion rare entre le cavalier et sa monture.

On marcherait presque sur la pointe des pieds, tant ce silence est appréciable en plein cœur de Paris. Il est 4h40 du matin (!) rue Charlemagne, et pas un chat ni même un équidé dans les environs. Pourtant à l’approche du Terrain d’Education Physique des Jardins de Saint-Paul dans la même rue, plusieurs riverains semblent attendre un événement. Ajoutez cela aux défilés de taxis qui illuminent de leurs pleins phares les méandres du quartier, aucun doute : Paris s’éveille, et il est en avance !

La faute à qui ? Bartabas et Le Caravage, qui se produisent dès l’aurore, dans un spectacle intitulé « Le Lever de Soleil ». Le lever du soleil étant le thème central de la scénographie, rendez-vous donc à 5h26 pour les amateurs du monde équin et pour les fans très matinaux.

A l’entrée, les bénévoles du théâtre équestre Zingaro, dont fait partie Bartabas, sont à cheval sur les consignes. Pas de photos ni de vidéos durant la représentation et chuchotement obligatoire de rigueur. Les téléphones portables sont aussi proscrits. Les directives auraient été données par l’artiste lui-même. Une fois dans l’arène, une des placeuses explique que le degré de concentration du cheval est à son maximum durant l’effort. Un simple flash peut l’effrayer et mettre en danger le cavalier et/ou le public.

Le Caravage justement est déjà là, en train de s’échauffer. Imperturbable, Il fait le tour de son manège, au centre du terrain et se place face à la scène où deux musiciens turcs, l’un au tambourin bendir et l’autre à la flûte oblique, interprètent des œuvres traditionnelles du répertoire Soufi. Le soufisme est un courant millénaire d’origine musulmane. Il peut être vu comme la forme mystique et ésotérique de l’Islam. Les arts, la danse et la musique sont ses moyens d’expression.Et soudain apparaît Bartabas. Vêtu d’un large sarouel et d’une capuche sur le chef, il chevauche sa monture après l’avoir scellée lui-même. D’un trot allégé et majestueux, il fait le tour de l’assistance tel un empereur romain. Ensuite, quelques séries de « pas piaffés »(le cheval simule un trot mais fait du surplace), de « pas espagnols » (au moment du pas, le cheval étend ses pattes avant quand il les soulève), et de galops ralentis émerveillent un public qui semble connaisseur.Élégants, toujours synchrones et dans le rythme, le duo se fond dans cette ambiance de douce musicalité, sereine et méditative. Et tout doucement les premiers rayons du soleil sans que l’on ne s’en rende compte percent l’obscurité. Et lorsque le jour est entièrement levé, on assiste à la séparation émouvante du couple virtuose, Le Caravage se roulant au sol lorsque son cavalier s’éloigne, dévoilant le grand jour.Jean-Mary NICOLAS
Retrouvez l’article original : http://www.paristribune.info/L-homme-qui-dansait-avec-les-chevaux-jusqu-au-Lever-de-Soleil_a229.html